mardi 24 janvier 2012

La Comté (Matamata)

Saisissant l’opportunité qu’offrait le frère d’une amie d’ami (bref, une connaissance) qui devait déposer deux allemandes et qui avait « une place libre dans son van » – qui  s’avéra être en fait un grand coffre sans siège encombré de matériel de construction – je partis visiter un peu la région où je me trouve actuellement : Waikato, ou la péninsule de Coromandel.
Empruntant une route sinueuse à travers le bush et les montagnes, au grand dam de mon estomac, nous roulâmes direction Cathedral Cove, une plage sur la côte est de la péninsule.  Tout ce que Ian, le conducteur du van, trouva pour altérer mes haut-le-cœur fut ce merveilleux dicton : « il n’est pas important de savoir où tu vas, mais juste de savoir d’où tu viens ! »
Certes. Mais quand on est malade à l’arrière d’un van c’est pratique de voir la route, quand même.

Cathedral Cove est une arche naturelle, enjambant une plage au sable fin et plongeant dans les eaux chaudes et turquoise du pacifique. La zone regorge de grottes plus ou moins grandes, toutes visitables soit à la nage soit depuis la plage même. 
Un endroit magique.


Puis, après avoir laissé les allemandes dans la ville la plus proche – ce qui libéra les sièges à l’avant pour mon plus grand bonheur –, direction Matamata. C’est une petite ville de 8 000 habitants à l’intérieur des terres, qui n’a qu’une rue principale et aucun attrait, si ce n’est que juste à côté ont été tournées certaines séquences du Seigneur des Anneaux.

C’est donc de bon matin que je partis visiter la Comté, fief de Bilbon Saquet et de son neveu Frodon, ainsi que du fidèle jardinier Sam Gamegie et de bien d’autres Hobbits de la fameuse saga de J.R.R. Tolkien.

Cul-de-Sac et son chêne made in Taiwan
J’ai pu voir la maison de Fierpied, le Hobbit grognon qui sourit lorsque Gandalf lance ses feux d’artifice, ainsi que celle de Sam, où il rejoint Rosie et ses deux filles à la toute fin du Retour du Roi… J’ai également appris que le chêne au-dessus de Cul-de-Sac, la maison de Bilbon, est un fake, dont les feuilles ont été importées de Taïwan, ou que la séquence où Gandalf et Bilbon fument la pipe devant Cul-de-Sac au coucher du soleil a en fait été tournée… au lever du soleil ! Pour la simple mais bonne raison que Cul-de-Sac est orienté plein Est…
Bref, tout un tas de petites anecdotes comme ça qui ont ravi le fan du Seigneur des Anneaux que je suis.

Et puis j’ai appris que Peter Jackson, le réalisateur de la fameuse trilogie, venait de finir le tournage de Bilbo le Hobbit, d’après le livre du même nom qui raconte les aventures de Bilbon, au cours desquelles il trouve l’anneau. Inutile de préciser que j’attends avec impatience la sortie de ce film en salles.

Avant de nous quitter, notre guide nous a appris que l’anneau qui a servi au tournage du film, et qui a été acheté aux enchères à $ 350 000, a été jeté par hélicoptère au-dessus de la montagne qui servit à faire la Montagne du Destin au pays du Mordor. Peut-être tomberai-je dessus par hasard au fil de mes pérégrinations en Terre du Milieu, qui sait ?
Enfin, il paraît que c’est l’Anneau qui trouve son porteur et non l’inverse…

La maison de Sam Gamegie la brave !
Plus de photos dans l'album "Cathedral Cove et la Comté" !

dimanche 15 janvier 2012

Wwoofing

Ce drôle de mot en guise de titre est en fait l’acronyme de « World Wide Opportunity  in Organic Farms ». Tout le monde l’aura compris, il s’agit donc d’opportunités internationales dans des fermes bios. En fait, le « wwoofer », souvent un étranger de passage, travaille dans une production agricole de particuliers, principalement pour du désherbage et du jardinage, parfois de l’élevage, et en échange, il est nourri, logé et blanchi par les propriétaires, tout en partageant leur vie quotidienne.
Ce système est très répandu en Australie et en Nouvelle-Zélande, bien que l’initiative soit britannique – c’est un peu comme le rugby, en fait…
Mais quel rapport, se demandent déjà certains, avec les aventures palpitantes de l’auteur de ce blog passionnant ? J’y viens.

Il existe un site internet où l’on peut s’inscrire, pour une poignée de dollars, en tant que wwoofer, et voir les profils de tous les hôtes susceptibles de vous accueillir. C’est ce que je fis, et, envoyant des mails à tour de bras, je finis par recevoir une réponse positive d’une certaine Robyn James, habitant dans la région de Coromandel, non loin d’Auckland.
Mais deux jours avant de me rendre chez elle, revers de fortune, j’apprends que son mari est décédé, et qu’elle ne peut plus m’accueillir. Fort heureusement pour moi, sa voisine Suse Smith est prête à me recevoir pour dépanner sa voisine en difficulté (in troubles, comme ils disent ici).
A l’origine, c’était juste un dépannage ; mais il y a en fait tellement de choses à faire dans sa maison qu’elle est ravie que je reste quelques temps pour bricoler un peu.

Vous avez donc saisi le principe du wwoofing ? Eh bien figurez-vous que ce n’est pas du tout ce que je fais. Enfin, pas vraiment. Le terrain d’ici est loin d’être bio, et je suis loin de ne faire que du désherbage…
Entre laver la voiture, repeindre le garage (en rose !), passer l’aspirateur, nettoyer les carreaux, etc.  je n’ai pas de quoi m’ennuyer. Et puis Suse a deux fils, Tamati et Sage, qui sont fans de rugby – surtout quand il s’agit d’y jouer sur la PlayStation – alors on a de quoi s’occuper. Les matches improvisés sur la plage, à 500m de là, sont au moins aussi fatiguant que de jouer contre l’équipe des All Blacks au complet !
La maison des Smith.
Ma caravane au fond du jardin !
La première semaine, je logeais dans une caravane, près du ruisseau au fond du jardin. 
Quand j’allai me coucher le premier soir, je fus surpris de voir que les draps ne devaient pas être propres puisqu’il y avait un tas de brindilles sur mon lit. En approchant ma main pour les enlever, je sursautai en voyant que les brindilles se déplaçaient toutes seules ! Il me fallut un bon moment pour comprendre qu’il s’agissait d’une famille de phasmes qui avait élu domicile dans ma caravane. En voyant combien ils étaient attachés à ma couette, je compris pourquoi ils les appellent ici les « insectes collants » (stick insect) !
Phasmes, mantes religieuses, araignées à carapace dorée… Je dus m’habituer à tous ces nouveaux colocataires, bien que ma basket soit devenue la plus redoutée des serial killers d’insectes de tout l'hémisphère Sud !

Le soleil se couche au loin sur l’océan, jetant dans le ciel et sur les palmiers un dernier jet de couleur pourpre, tel un artiste désabusé qui jette son pinceau sur sa toile sans croire au chef-d’œuvre qu’il vient de créer. Des milliers d’oiseaux invisibles piaillent encore dans le bush (qui n’est autre qu’une jungle impénétrable), et les moustiques tournoient déjà devant la lumière de mon ordinateur.
Quel beau pays que la Nouvelle-Zélande ! S’il n’y avait pas ces fichus moustiques…
Coucher de soleil à travers le bush.

jeudi 12 janvier 2012

Auckland – One Tree Hill (Maungakiekie)

C’est par cette première journée de beau temps qu’était lundi dernier que j’ai décidé d’aller faire un tour du côté de One Tree Hill, dont le Lonely Planet dit beaucoup de bien. One Tree Hill est l’un des 50 anciens volcans d’Auckland. Il a une signification particulière pour les Maoris (qui l’appellent Maungakiekie) puisqu’il constituait autrefois un pa stratégique de l’isthme d’Auckland. En montant tout en haut, on comprend vite pourquoi : by Jove, quelle vue ! Du haut de ses 182 m, il surplombe toute la ville et ses environs, les îles d’Auckland et les eaux turquoise qui les séparent.

Auckland vu de One Tree Hill

La colline doit son nom anglais au totara (un arbre autochtone) qui y poussait au sommet et que les Maoris vénéraient. Mais en 1852 les colons britanniques le déracinèrent et le remplacèrent par un pin de Monterey. Le pin resta jusqu’en 2000, quand des activistes Maoris s’y attaquèrent et le déracinèrent à son tour.
En revanche, on trouve toujours au sommet la tombe de John L. Campbell, un philanthrope qui fit don de ses terres à la ville en 1901, et qui demanda qu’on élève un monument en l’honneur du peuple maori. D’où l’obélisque.
One Tree Hill

En arrivant au pied de la colline, après un bout de marche à pied parce qu’aucun bus ne va jusque-là, j’emprunte un chemin qui circule au beau milieu d’un champ de moutons, quand soudain traverse un faisan aussi gros qu’un pélican. Surpris, je tente une approche, et finit par prendre une photo à moins d’un mètre de la bête. Fier de cette chasse photo improvisée je continue mon chemin jusqu’à m’apercevoir que le parc grouille de faisans, qu’ils sont nourris comme des pigeons et aussi farouches que des poules dans un jardin de Melun.
Un coq, un faisan et sa poule faisane (au pied du piquet de gauche).
Quand je vous disais que les faisans étaient traités comme des poules !
Mais la découverte animalière ne s’arrête pas là : "chemin faisan", je rencontre un pic-vert, une famille de lapins ayant élu domicile entre les grandes racines d’un vieux pin, des moutons peu peureux et une multitude d’oiseaux dont je ne connais pas les noms mais dont vous pouvez voir les photos dans l'album "Auckland".

Pour parfaire votre culture, vous pouvez écouter la chanson One Tree Hill de l’album The Joshua Tree du groupe U2. Sorti en 1987, le titre a longtemps occupé la tête du hit-parade en Nouvelle-Zélande.

mercredi 11 janvier 2012

Auckland – Mont Eden (Maungawhau)

La ville d’Auckland est située 100 km au-dessus d’un énorme réservoir de magma. Pour ceux (ou surtout celles) qui crieraient déjà au rapatriement, il n'y a aucun souci à se faire puisque ça fait 600 ans que pas une goutte de lave n’est sortie du sol. Mais il y’a bien eu des éruptions autrefois - 19 en 20 000 ans - et on trouve autour de la ville une dizaine de pitons magmatiques aussi difformes que magnifiques. La plupart ont été remodelés par les Maoris (décidément ils sont partout), qui y ont fait des terrassements et des villes fortifiées, appelées Pa.
Le plus haut et le plus spectaculaire d'entre eux est le Mont Eden – les amateurs de rugby comprendront ainsi le nom du stade d'Auckland ou les All Blacks nous ont battus d’un point, l'Eden Park.
Dimanche dernier, malgré une sale pluie anglaise et son vent froid (à croire que l'influence des Grands-Bretons ne touche pas qu'à la politique…), et aussi parce que les musées sont fermés le dimanche, nous avons décidé d’escalader le Mont Eden, ou Maungawhau pour les Maoris. Nous, c'est Hélène, une Française, et Klaus, un Allemand, qui partagent le même dortoir que moi à l'auberge de jeunesse.
Situé dans un parc de la ville, le Mont Eden ne prend pas beaucoup de place au milieu des autres quartiers, et on ne met pas bien longtemps à grimper ses 196 m. Mais une fois en haut, surprise ! un grand cratère de 50m de dénivelé apparaît, et ne laisse qu'une fine crête pour en faire le tour – un tour à 360° avec pas de vue sur la ville puisque brouillard à couper à la hache.

Le cratère est hautement Tapu (sacré) pour les Maoris ; ils l'ont appelé Te Ipu Kai a Mataaho (autrement dit « la coupe de Mataaho » qui est le dieu des choses souterraines).
On peut voir sur la photo les terrassements du Pa, la forteresse maorie.

mardi 10 janvier 2012

Auckland – Museum

Depuis que je suis arrivé au pays du long nuage blanc, les nuages sont plutôt noirs.
En fait il pleut depuis le début.
Mais il m'en faut plus pour ne pas découvrir une ville aussi jolie !
J'ai donc décidé de visiter ce qui est visitable quand il fait moche : les musées.
Et en l'occurrence, l'Auckland Museum est fascinant. Il traite notamment de la culture maorie, et on peut y voir une pirogue de guerre maorie de 25m de long !

Il y aussi une maison, toujours maorie, qu'on appelle Pataka, dans laquelle on peut rentrer et admirer des fresques et des sculptures murales concernant la guerre, la pêche et la chasse (c’est à peu près tout ce qui importait aux Maoris à l'époque où ils étaient encore seuls en Nouvelle-Zélande).

Mais comment peut-on parler des maoris sans aborder le rugby ? Le sport étant British, et la Nouvelle-Zélande étant sous la domination de la couronne, les Néo-Zélandais ont vite adopté le rugby comme sport national. Et les maori, ce peuple qui était devenu une minorité, ont décidé d’utiliser l'arme de l'ennemi pour leur montrer qui était plus fort. Etant un peuple de nature guerrière, et la danse du haka aidant à déstabiliser l'adversaire, l'équipe ainsi nommée des All Blacks où se mêlaient dans les rangs Maoris et Néo-Zélandais non maoris (ou kiwis, comme ils les appellent) eut bien vite un riche palmarès de victoires sur les autres équipes internationales. Trois fois finalistes, ils remportèrent deux coupes du monde : en 1987 et, est-il utile de le rappeler, en 2011, à chaque fois à domicile et contre la France.

Avant la fermeture du musée nous avons aussi eu le temps de visiter l'étage réservé à l'histoire naturelle de la Nouvelle-Zélande. On peut y voir tout un tas de squelettes incroyables (celui du plus gros oiseau non volant de l'ère secondaire, ou celui d'un tout petit corps d'autruche juché sur deux énormes pattes plus larges que moi, etc.), tous déterrés en Nouvelle-Zélande.
Beaucoup d'oiseaux de la Nouvelle-Zélande ne vivent que là, et la plupart ne volent pas, résultat de millions d'années d'évolution sans prédateurs mammifères. C'est le cas du kakapo, le plus gros perroquet non volant du monde (ci-contre), ou du kiwi, oiseau fétiche et emblème de la Nouvelle-Zélande qu’on trouve sous toutes les formes et dans toutes les matières dans les boutiques de souvenirs, mais très rarement dans la nature : il est noctambule.
Tous ces oiseaux sont empaillés au musée ; comme ça, je suis sûr de les avoir vus de près au moins une fois durant mon séjour.

Pourquoi ce titre ?

Aux personnes sceptiques qui se demandent pourquoi j'ai baptisé mon blog de ce drôle de nom, elles deviendront vite des fausses sceptiques après avoir lu ceci : le nom maori de la Nouvelle-Zélande est Aotearoa, ce qui se traduit par, devinez quoi, le Pays du Long Nuage Blanc !

En bref…

Moi : je m’appelle Martin et j’ai 18 ans. Etudiant en première année à l’ESTRI, École Supérieure de Traductions et de Relations Internationales à Lyon, il m’est demandé de passer tout mon deuxième semestre dans un pays anglophone. Certes, la Nouvelle-Zélande n’est pas le plus près de la catégorie, vu de France... mais c’est à mon avis le plus beau !
Après une trentaine d’heures de vol et 18 553 kilomètres, me voilà donc arrivé à Auckland, première ville du pays par le nombre d’habitants et par sa taille.

La Nouvelle Zélande : regardant une carte du monde, j’ai toujours trouvé que ce pays était bien petit à côté de l’immense Australie. En fait, c’est plus grand que la Grande-Bretagne. Avec ses 268 000 km² et ses 4 millions d’habitants, la Nouvelle-Zélande atteint la moyenne incroyablement petite de 15 habitants au km².
Il est important de savoir également que ces îles ne furent colonisées par l’homme qu’autour du XIVème siècle. Les premiers à y mettre le pied furent les Maoris, et ils y découvrirent une faune et une flore que l’isolement des îles a rendu exceptionnels : 40 % de la faune et 80 % de la flore sont endémiques de la Nouvelle Zélande.
Ce n’est qu’en 1770 que le navigateur James Cook, un British, atteint les îles et les cartographie. Très vite les colons affluent, et la Nouvelle-Zélande fait alors partie de l’Empire britannique. C’est pour ça qu’encore aujourd’hui, derrière chaque pièce du dollar néo-zélandais on peut voir le profil d’Elizabeth.
Attention ! Malgré des idées trop répandues, qui voudraient que Sydney soit la capitale de l’Australie, c’est Wellington et non Auckland qui sert de capitale à la Nouvelle-Zélande. Bien que 3 ou 4ème ville du pays par sa population, c’est bien là que réside le gouvernement.



La monnaie : vous l’avez deviné, il s’agit du dollar néo-zélandais, ou NZ$ pour faire plus court. Venant de la zone euro, c’est plutôt avantageux : il faut $ 1,66 pour faire 1 € ; mais malheureusement ça n’arrête pas de baisser... crise oblige !

Le rugby : au cas où certains n’auraient pas eu la chance de suivre la coupe du monde de rugby 2011, ce sont les All Blacks, équipe renommée de la Nouvelle-Zélande, qui ont gagné. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que la finale était contre la France, et qu’on n’a perdu que d’un point (7-8) !
Ça n’a pas manqué, le premier Néo-Zélandais à qui j’ai dit que j’étais Français m’a parlé de la coupe du monde. Il faut dire qu’à chaque fois qu’ils gagnent, c’est contre nous !